lundi 7 juillet 2014

« La Cmu n’est pas appliquée à cent pour cent à Ndem »


Mme Fatou Diop, Infirmière chef du poste de santé de Ndem
7 ans de service dans le Baol. Mme Fatou Diop, est toujours restée tidjane malgré l’influence du mouridisme dans cette zone. Cette dame venue de Dakar est l’infirmière chef du poste de santé Ndem-Meïssa. Ce service sanitaire couvre 33 villages environnants.
La Couverture maladie universelle (Cmu) est-elle effective à Ndem ?
Non, elle n’est pas encore appliquée à cent pour cent (sourire) parce que nous ne pouvons pas donner des médicaments sans avoir le garantit que nous serons rembourser.  Les autorités sanitaires nous ont remis de fiches individuelles à remplir pour la consultation et la vaccination des enfants âgés de moins de cinq ans. Ils ont promis de nous rembourser mais jusqu’à présent nous n’avons pas reçu de fonds qui servira à compenser les médicaments que nous aurons à sortir de la pharmacie. S’agissant des médicaments, pour le moment ils sont à la charge du patient.
Est-ce que les femmes font le planning familial?
(Rire). C’est un peu compliqué parce que plus de la moitié de la population est analphabète. Les couples ont leurs préjugés et leurs coutumes. Donc, nous essayons de les expliquer que la planification familiale joue un rôle important dans la vie d’une femme. Certains hommes encouragent quand même leurs femmes à venir faire le planning. Dans d’autres cas, l’homme refuse et les femmes viennent le faire en cachette. Dans ce cas nous gardons leurs carnets de santé ici pour ne pas attirer l’attention du mari. Les méthodes de contraception sont nombreuses. Mais, il y a des critères d’éligibilité pour chaque méthode, car celle qui a de l’hypertension artérielle ou le cancer ne doit pas prendre de pullule.  Donc, nous les incitons à recourir à d’autres méthodes qui sont plus adaptées en fonction de leur pathologie.
Faites-vous des tests de dépistages VIH ?
Oui, nous le faisons. Les tests sont systématiques pour les consultations prénatales (petit chat dans la gorge). Nous utilisons un appareil  semblable à celui qui sert à faire le test de diagnostique pour le paludisme. Nous communiquons beaucoup avec les patientes pour les expliquer ce que nous faisons. Si nous découvrons un cas séropositif, la femme bénéficie d’un protocole qui permettra de la prendre en charge durant la grossesse, pendant l’accouchement et la période d’allaitement pou ne pas contaminer son enfant. Nous la déférons au centre de santé pour la prise en charge. De fois nous organisons des tests de dépistage de masse par numéro anonyme. Durant l’année 2013, nous avons descellé deux cas. Les femmes sont les plus nombreuses à venir par rapport aux hommes. Ceux-ci viennent très rarement se faire dépister parce qu’ils ont peur d’avoir un résultat positif.
La salle d’hospitalisation ne compte que six lits. Comment vous faites pour hospitaliser un nombre important de patient?
En dehors de la saison de pluie, il n’y a pas beaucoup de monde. Durant l’hivernage, le poste est plus fréquenté à cause du paludisme qui est fréquent pendant cette période. Maintenant avec le nouveau protocole du paludisme, les postes de santé n’ont plus le droit de traiter des malades atteints surtout de paludisme grave. Avec ces nouvelles directives, nous n’avons pas le droit d’hospitaliser. On observe seulement durant une période de vingt-quatre heures. Si l’état de santé du malade s’améliore nous le libérons, dans le cas contraire nous faisons un traitement pré transfert avant l’arrivée de l’ambulance pour évacuer l’évacuer au centre de santé de Bambey.
Quelles sont les maladies les plus fréquentes que vous soignez ?
Actuellement nous avons les cas d’infections respiratoires aigues, la diarrhée et le paludisme. Nous avons également des cas de bilharziose parce que Ndem est entouré de mare et de marigot et la population est fréquente dans ces différents lieux. Récemment on a eu à faire un traitement de masse pour les enfants de cinq à quatorze ans. Ils ont été déparasités. Nous prescrivons du pransicandel pour lutter contre la bilharziose. Présentement, les cas de paludisme ont diminué parce que nous avons eu à distribuer des moustiquaires imprégnées  à toute la population.  En plus, l’institut de recherche développement en collaboration avec le Ministère de la santé nous a fait un don de médicaments que nous avons distribué aux enfants. Ce traitement a été fait dans des villages ciblés durant la période de l’hivernage où le taux de paludisme est élevé.
Organisez-vous des campagnes de sensibilisation ?
Oui. Elle se fait en fonction des campagnes de masse. Chaque six mois, on a une campagne de déparasitage accompagnée de supplémentassions en vitamine A pour les enfants âgés de zéro à cinq mois. Dans chaque village, nous avons un relais avec qui nous travaillons. Il est chargé d’informer la population de la date, du lieu de la tenue de la campagne et les personnes ciblées. Parfois, nous convoquons les chefs des villages et leaders d’opinions pour qu’ils puissent faire passer le message.
Quels sont vos différents partenaires ?
La communauté rurale à travers les fonds de dotation annuelle nous remet des médicaments à hauteur de deux à trois millions cinq cent que nous partageons avec les postes de santé de Ngokom et de Bambey Serère. Nous sommes tous dans la même communauté rurale. On se les partage avec les cases de santé qui dépendent des postes. Ndem à deux cases. Nous avons également des partenaires via l’ONG. C’est le cas de Nicole Cerdane (ancienne sage femme) qui nous appuie en médicaments et matériels. Il y a ensuite, l’ONG la Brèche et l’Université de bordeaux (hésitation) qui aident aussi le poste de santé à assurer les charges relatives au paiement de l’électricité, l’eau et au paiement des médicaments. Ces dépenses sont payée par le commuté de santé à travers les recettes que nous générons. Et puis, il y avait certains partenaires qui nous remettaient des dons mais à la longue les produits périssaient parce que les inscriptions étaient en anglais ou en italien. Donc, on ne pouvait pas les utiliser au niveau du poste de santé ou bien tout simplement leurs pathologies n’existaient pas au poste. Parfois, nous les offrons au Centre de santé de bambey. C’est la raison pou laquelle, nous avons demandé aux partenaires de nous remettre l’argent pour que l’on puisse acheter nous-mêmes ce dont a besoin.
Comment se fait l’approvisionnement en médicament ?
La demande est faite en fonction du besoin de la pharmacie. Les médicaments sont achetés à Bambey via la Pharmacie régionale d’approvisionnement de Diourbel. Nous faisons la commande pour deux à trois mois. En cas de rupture de stock, nous prescrivons au patient qui va lui-même se rendre à Bambey pour acheter.
Comment se fait le travail avec la maternité ?
Ce n’est pas facile d’être ici et à la maternité, mais puisque nous avons opté pour la santé communautaire, nous devons l’assumer jusqu’au bout. Il y a certaines tâches que je délègue aux matrones. D’autres, je les assure moi-même. On n’est obligé d’être à la fois au four et au moulin.
Avez-vous tous les matériels nécessaires pour assurer les soins ?
Il nous manque de boite à pince pour petite chirurgie pour renouveler celle que nous avions. Nous avons effectué une commande auprès de nos partenaires que nous avons remis à Serigne Babacar Mbow qui était en voyage. Nous attendons de voir le Serigne pour savoir si la demande est satisfaite ou non. A part cela, nous avons tous les matériels qu’il faut.
Quelles sont vos relations avec Serigne Babacar Mbow?
Nous entretenons une bonne relation. Il est comme un père pour moi. Je me confie en lui quand j’ai des soucis parfois. Il est là pour tout le monde et contribue énormément à l’amélioration du poste de santé. Il nous aide à avoir des partenaires afin de pouvoir satisfaire à tous nos besoins. C’est grâce aux ressources en médicament et aux appuis des partenaires que nous arrivons à supporter toutes nos charges, notamment l’eau et l’électricité.