Grégoire Sarr, président national de la Jec/S |
Grégoire Sarr, président national de la jeunesse étudiante catholique du Sénégal (Jec/S)
« Les
jeunes restent très engagés dans la pratique de la religion catholique»
Le
Sénégal est un pays laïc où toutes les confessions religieuses sont acceptées
et tolérées. Entre religion et études, les jeunes tentent tant bien que mal à
les concilier. Des associations catholiques des jeunes s’érigent en porte
flambeau du Christianisme.Grégoire Sarr est le président national de la jeunesse étudiante catholique du Sénégal (Jec/S)
Hier,
le Pape François Ier en
compagnie du Pape émérite Benoit XVI a
canonisé les Pape Jean XXIII et Jean Paul II, qu’est ce que cela vous
inspire ?
C’est une belle initiative (sourire). Nous ne pouvons que
nous en féliciter. En tant que jeune, nous connaissons plus le Pape Jean Paul
II surtout comme celui qui à initié la journée mondiale de la jeunesse. C’est
aussi quelqu’un qui avait d’excellentes relations avec la jeunesse catholique
internationale. Il a communié avec ces jeunes et célébré les journées mondiales
avec eux. Le Pape s’est beaucoup donné aussi pour l’église catholique. C’est
pourquoi d’ailleurs il a échappé à un assassinat durant son pontificat. Je
pense que le Pape Jean XXIII a fait lui aussi d’énormes choses pour l’église
même si les jeunes le connaissent peu. Mais, je pense que le Vatican à
revisiter son histoire dans l’église avant de décider de le canoniser.
Quels
sont vos rapports avec les protestants du Sénégal ?
L’église catholique a des très bonnes relations avec les
protestants. Durant la deuxième quinzaine de chaque mois de janvier, catholiques et protestants se rassemblent
lors de la « semaine de l’unité » pour prier ensemble afin qu’il y
ait unité au sein de l’église. Que les
gens sachent que malgré les divergences, les églises peuvent se retrouver de
temps en temps pour prier ensemble car nous croyons en une seule personne,
Jésus Christ. A chaque fois aussi que l’église catholique a une grande
manifestation, elle ne manque pas d’inviter les protestants.
Au-delà
de la croyance, pensez-vous que les jeunes catholiques sont des
pratiquants ?
Oui ! On peut le dire même si beaucoup des jeunes
ont tendance aujourd’hui à quitter l’église catholique pour se lancer dans les
sectes religieuse. Ce sont des temples implantés maintenant un peu partout au
Sénégal par des gens qui ont des moyens et de ce fait attirent le maximum de
monde. C’est pour cette raison que certains jeunes préfèrent rejoindre ces
sectes. (Silence) Malgré cela, les jeunes sénégalais restent dans leur majorité
très engagé dans la pratique de la religion catholique. Ils représentent un
nombre important dans les églises pendant les messes des dimanches. En plus de
cela, ils s’activent beaucoup dans les mouvements d’action catholique tels que, CVAV (Chœur Voyant Avoyant), les Scouts
guides, les amicales des étudiants catholiques des diocèses…etc.).On sent
vraiment que le Sénégal à une jeunesse très dynamique et très pratiquante si on
se réfère également au pèlerinage de Poupouguine
et à la célébration de la journée mondiale de la jeunesse à Kaolack durant le
mois de février passé.
Est-ce
que la pratique stricte du catholicisme peut être conciliée avec la
modernité ?
Oui ! Ce n’est pas toujours évident. (Cherche le
mot) Depuis quelques années, le débat entre la modernité et la religion s’est
posé. Vous savez, la religion catholique est souvent très stricte et le monde
évolue. Cependant, les Catholiques ne veulent pas moderniser la religion de
manière générale compte tenu de beaucoup de paramètres. Mais, le Pape François Ier dans une récente déclaration disait que « le monde avance, il faudrait aussi
que l’église puisse avancer avec le monde. Mais tout en gardant aussi son
fondement, ses bases, et ses principes ». Donc aujourd’hui, on ne peut
plus se permettre d’avoir les mêmes pratiques de l’église catholique que celles
du moyen âge par exemple. Nous sommes au XXIème siècle, il faudrait
aussi penser à moderniser certaines choses mais en gardant ce qui fut le
fondement de l’église catholique à travers aussi la doctrine sociale de
l’église.
Que
faut-il faire selon vous pour consolider le dialogue islamo chrétien au
Sénégal ?
Vous savez le Sénégal à une chance que beaucoup de pays
africains n’ont pas. (Visage triste) Quant on voit ce qui se passe au Nigeria
ou en Centrafrique, c’est en ce moment qu’on prend conscience de cela. La paix
que nous avons au Sénégal, plusieurs pays africains ne l’ont pas. Il faut
renforcer cela tout en continuant à se tolérer. La célébration des fêtes
musulmanes et Chrétiennes par toutes les confessions en mêmes temps en est la
parfaite illustration. Au niveau de l’Ajec/S, nous avons eu à travailler avec
les jeunes de Pire qui œuvrent dans des associations musulmanes. Dieu soit
loué, (avec gaieté) on entretient d’excellents rapports avec nos frères et amis
musulmans. Nous sommes une association catholique mais nous sommes en même
temps ouverts aux autres confessions qui partagent les principes de la jeunesse
estudiantine catholique. L’Ajec/S, C’est aussi un mouvement de formation, un
mouvement d’éducation et un mouvement d’élèves et étudiants ouvert à tout le
monde.
Est-ce
qu’il vous arrive de travailler avec les jeunes qui sont à la tête des
associations confrériques mouride ou tijane ?
Oui ! Nous leur envoyons fréquemment des invitations
chaque fois que nous menons des activités. En 2012, nous avons organisé un
séminaire de deux jours au cours duquel nous avions travaillé sur la situation
de l’Université d’une manière générale. Nous avions invité les daahiras pour réfléchir ensemble. A l’issue de ce séminaire
nous avions rédigé un mémorandum qu’on
avait ensuite envoyé à tous les acteurs de l’éducation. Chaque fois que nous
organisons une activité, nous faisons l’effort de les inviter.
Quel
est le but exact de votre association ?
L’Ajec/S, c’est un mouvement qui s’active dans le milieu
scolaire et universitaire. Nous faisons la situation de l’école nationale
sénégalaise et nous essayons de voir les différents problèmes qu’on rencontre
dans ce milieu. Puis, nous réfléchissons entre camarades pour trouver des
solutions par rapport à la situation que vit l’école sénégalaise. Ainsi, nous
travaillons pour la pacification des espaces universitaires et scolaires. En
dehors du secteur éducatif, nous sommes
aussi impliqués en plus dans le processus de paix en Casamance depuis trois
ans. En tant que responsable, je suis chargé de coordonner les activités et je
travaille en étroite collaboration avec tous les membres de notre structure.
Quelles
sont les différentes activités que vous avez effectuées récemment ?
Le 12 avril passé, l’Ajec/S en partenariat avec la
Fondation Konrad Adenauer a eu à organiser un séminaire de formation sur la
prévention et la gestion des conflits. Il était destiné aux leaders
estudiantins de zone en conflit (les jeunes de Ziguinchor et de Kédougou).
L’objectif était d’outiller ces jeunes
aux moyens et techniques de prévention, mais aussi de leur permettre de
participer davantage à la gestion de conflit ainsi que la pacification de la
Casamance. Au mois de novembre, nous avons été à Kabrousse où nous avons fait
une conférence sur le même thème avec tous les acteurs de l’éducation et les
parents d’élève de la région du sud.