Mme Fatou Diop, Infirmière chef du poste de santé de Ndem |
7
ans de service dans le Baol. Mme Fatou Diop, est toujours restée tidjane malgré
l’influence du mouridisme dans cette zone. Cette dame venue de Dakar est
l’infirmière chef du poste de santé Ndem-Meïssa. Ce service sanitaire couvre 33
villages environnants.
La
Couverture maladie universelle (Cmu) est-elle effective à Ndem ?
Non, elle n’est pas
encore appliquée à cent pour cent (sourire) parce que nous ne pouvons pas
donner des médicaments sans avoir le garantit que nous serons rembourser. Les autorités sanitaires nous ont remis de
fiches individuelles à remplir pour la consultation et la vaccination des enfants
âgés de moins de cinq ans. Ils ont promis de nous rembourser mais jusqu’à
présent nous n’avons pas reçu de fonds qui servira à compenser les médicaments
que nous aurons à sortir de la pharmacie. S’agissant des médicaments, pour le
moment ils sont à la charge du patient.
Est-ce
que les femmes font le planning familial?
(Rire). C’est un peu
compliqué parce que plus de la moitié de la population est analphabète. Les
couples ont leurs préjugés et leurs coutumes. Donc, nous essayons de les
expliquer que la planification familiale joue un rôle important dans la vie
d’une femme. Certains hommes encouragent quand même leurs femmes à venir faire
le planning. Dans d’autres cas, l’homme refuse et les femmes viennent le faire
en cachette. Dans ce cas nous gardons leurs carnets de santé ici pour ne pas attirer
l’attention du mari. Les méthodes de contraception sont nombreuses. Mais, il y
a des critères d’éligibilité pour chaque méthode, car celle qui a de
l’hypertension artérielle ou le cancer ne doit pas prendre de pullule. Donc, nous les incitons à recourir à d’autres
méthodes qui sont plus adaptées en fonction de leur pathologie.
Faites-vous
des tests de dépistages VIH ?
Oui, nous le faisons.
Les tests sont systématiques pour les consultations prénatales (petit chat dans
la gorge). Nous utilisons un appareil
semblable à celui qui sert à faire le test de diagnostique pour le
paludisme. Nous communiquons beaucoup avec les patientes pour les expliquer ce
que nous faisons. Si nous découvrons un cas séropositif, la femme bénéficie
d’un protocole qui permettra de la prendre en charge durant la grossesse,
pendant l’accouchement et la période d’allaitement pou ne pas contaminer son
enfant. Nous la déférons au centre de santé pour la prise en charge. De fois
nous organisons des tests de dépistage de masse par numéro anonyme. Durant
l’année 2013, nous avons descellé deux cas. Les femmes sont les plus nombreuses
à venir par rapport aux hommes. Ceux-ci viennent très rarement se faire
dépister parce qu’ils ont peur d’avoir un résultat positif.
La
salle d’hospitalisation ne compte que six lits. Comment vous faites pour
hospitaliser un nombre important de patient?
En dehors de la saison
de pluie, il n’y a pas beaucoup de monde. Durant l’hivernage, le poste est plus
fréquenté à cause du paludisme qui est fréquent pendant cette période.
Maintenant avec le nouveau protocole du paludisme, les postes de santé n’ont
plus le droit de traiter des malades atteints surtout de paludisme grave. Avec
ces nouvelles directives, nous n’avons pas le droit d’hospitaliser. On observe seulement
durant une période de vingt-quatre heures. Si l’état de santé du malade
s’améliore nous le libérons, dans le cas contraire nous faisons un traitement
pré transfert avant l’arrivée de l’ambulance pour évacuer l’évacuer au centre
de santé de Bambey.
Quelles
sont les maladies les plus fréquentes que vous soignez ?
Actuellement nous avons
les cas d’infections respiratoires aigues, la diarrhée et le paludisme. Nous
avons également des cas de bilharziose parce que Ndem est entouré de mare et de
marigot et la population est fréquente dans ces différents lieux. Récemment on
a eu à faire un traitement de masse pour les enfants de cinq à quatorze ans.
Ils ont été déparasités. Nous prescrivons du pransicandel pour lutter contre la
bilharziose. Présentement, les cas de paludisme ont diminué parce que nous
avons eu à distribuer des moustiquaires imprégnées à toute la population. En plus, l’institut de recherche
développement en collaboration avec le Ministère de la santé nous a fait un don
de médicaments que nous avons distribué aux enfants. Ce traitement a été fait
dans des villages ciblés durant la période de l’hivernage où le taux de
paludisme est élevé.
Organisez-vous
des campagnes de sensibilisation ?
Oui. Elle se fait en
fonction des campagnes de masse. Chaque six mois, on a une campagne de
déparasitage accompagnée de supplémentassions en vitamine A pour les enfants
âgés de zéro à cinq mois. Dans chaque village, nous avons un relais avec qui
nous travaillons. Il est chargé d’informer la population de la date, du lieu de
la tenue de la campagne et les personnes ciblées. Parfois, nous convoquons les
chefs des villages et leaders d’opinions pour qu’ils puissent faire passer le
message.
Quels
sont vos différents partenaires ?
La communauté rurale à
travers les fonds de dotation annuelle nous remet des médicaments à hauteur de
deux à trois millions cinq cent que nous partageons avec les postes de santé de
Ngokom et de Bambey Serère. Nous sommes tous dans la même communauté rurale. On
se les partage avec les cases de santé qui dépendent des postes. Ndem à deux
cases. Nous avons également des partenaires via l’ONG. C’est le cas de Nicole
Cerdane (ancienne sage femme) qui nous appuie en médicaments et matériels. Il y
a ensuite, l’ONG la Brèche et l’Université de bordeaux (hésitation) qui aident
aussi le poste de santé à assurer les charges relatives au paiement de
l’électricité, l’eau et au paiement des médicaments. Ces dépenses sont payée
par le commuté de santé à travers les recettes que nous générons. Et puis, il y
avait certains partenaires qui nous remettaient des dons mais à la longue les
produits périssaient parce que les inscriptions étaient en anglais ou en
italien. Donc, on ne pouvait pas les utiliser au niveau du poste de santé ou
bien tout simplement leurs pathologies n’existaient pas au poste. Parfois, nous
les offrons au Centre de santé de bambey. C’est la raison pou laquelle, nous
avons demandé aux partenaires de nous remettre l’argent pour que l’on puisse
acheter nous-mêmes ce dont a besoin.
Comment
se fait l’approvisionnement en médicament ?
La demande est faite en
fonction du besoin de la pharmacie. Les médicaments sont achetés à Bambey via
la Pharmacie régionale d’approvisionnement de Diourbel. Nous faisons la
commande pour deux à trois mois. En cas de rupture de stock, nous prescrivons
au patient qui va lui-même se rendre à Bambey pour acheter.
Comment
se fait le travail avec la maternité ?
Ce n’est pas facile
d’être ici et à la maternité, mais puisque nous avons opté pour la santé
communautaire, nous devons l’assumer jusqu’au bout. Il y a certaines tâches que
je délègue aux matrones. D’autres, je les assure moi-même. On n’est obligé
d’être à la fois au four et au moulin.
Avez-vous
tous les matériels nécessaires pour assurer les soins ?
Il nous manque de boite
à pince pour petite chirurgie pour renouveler celle que nous avions. Nous avons
effectué une commande auprès de nos partenaires que nous avons remis à Serigne
Babacar Mbow qui était en voyage. Nous attendons de voir le Serigne pour savoir
si la demande est satisfaite ou non. A part cela, nous avons tous les matériels
qu’il faut.
Quelles
sont vos relations avec Serigne Babacar Mbow?
Nous entretenons une
bonne relation. Il est comme un père pour moi. Je me confie en lui quand j’ai
des soucis parfois. Il est là pour tout le monde et contribue énormément à
l’amélioration du poste de santé. Il nous aide à avoir des partenaires afin de
pouvoir satisfaire à tous nos besoins. C’est grâce aux ressources en médicament
et aux appuis des partenaires que nous arrivons à supporter toutes nos charges,
notamment l’eau et l’électricité.